Guide détaillé du Mont Saint-Michel
L'Eglise
Vous entrez d'abord dans le choeur, séparé de la nef par une grille. Cette partie de la basilique est celle que les incendies ont le moins maltraitée. Elle fut achevée, en 1523, par Jean de Lamps qui mit à la voûte ses armes, celles de France et celles de l'abbaye qui y sont encore : on admire
ses filets de granit et l'élégance de leurs formes. Ce prélat enrichit aussi le choeur de vitraux magnifiques qui n'existent plus. Avant lui, Guillaume de Lamps, en 1500, avait terminé le second étage de ce choeur et le couronnement des chapelles.
Le tour du choeur n'est pas moins curieux par les peintures à demi effacées qu'on y remarque encore. Deux bas-reliefs représentent la barque des ames, ou la descente de Jésus-Christ aux Limbes et nos premiers parents, Adam et Ève.
D'autres bas-reliefs et des fresques, malheureusement effacées en grande partie, représentent la création d'Ève, Adam après sa chute, l'Annonciation, la naissance de Jésus-Christ, la Présentation, la naissance de la Vierge, l'arbre de Jessé ; puis, les bas-reliefs de saint Mathieu, de saint Marc, saint Jean et saint Luc ; la Fuite en Egypte etc. Tout cela est du quatorzième siècle. Autour du choeur, il y avait des chapelles, que des nécessités administratives ont fait disparaître. On les a coupées en deux dans la hauteur : des magazins occupent le rez-de-chaussée, et l'on a établi des ateliers au premier étage.
Tel qu'il est pourtant, ce choeur excite encore l'admiration, surtout quand on songe qu'il est construit au milieu d'un désert et sur le sommet d'un rocher de granit.
La nef, commencée sous Hildebert, en 1020, ne présente plus que des murailles rougies et calcinées par les derniers incendies, principalement par celui de 1834. — On a dû soutenir les arceaux par de la maçonnerie, et étançonner les voûtes supérieures au moyen d'une forte charpente. Cette nef sert de réfectoire. — Pendant les offices, on tient ouverte la grille du choeur.
Grand-Préau
Sur cette plateforme qui précède l'église, une partie de la population se promène silencieuse et sur un seul rang, après les heures de repas et de travail. C'était autrefois le Plomb du Four, bâti, en 1185, par Robert de Thorigny.
La vue s'étend sur la haute mer. A droite, on a la côte de Granville ; devant soi, celle de St-Malo, et, à gauche, le Mont-Dol, que l'on distingue à l'oeil nu, ainsi que le rocher de Cancale.
L'ancienne façade de l'église s'avançait de plus de 6 mètres sur le préau : celle que vous voyez ne date que de 1792. Son architecture contraste, en effet, avec le reste de l'édifice. — En rentrant sous la nef, on a vieilli de sept cents ans.
Par cette porte voûtée, près de laquelle nous passons en longeant le bas-côté nord, on entre dans la cuisine : c'était autrefois le Chapitre. Dans les temps de décadence, on en fit une salle de billard.
Les cachots - la roue :
Tournez à gauche, et descendez un escalier obscur taillé en partie dans le rocher, et vous vous
trouverez dans une sorte de vestibule non moins obscur.
A la place que vous occupez, et où se trouvait autrefois un autel privilégié pour les trépassés, ou plutôt, l'autel de la Vierge, le jour est sombre ; à gauche, la voûte est lugubre ; en haut, un rayon de lumière se projète sur un petit escalier : c'est par là que descendent les moines... à l'Opéra.
Continuez et marchez avec précaution, car on n'y voit guère sur cet autre escalier, au pied duquel sont les cachots. Ces cachots ne diffèrent des cellules que vous avez vues que par un peu moins de lumière et par leur situation : en hiver, les condamnés les préfèrent aux cellules, parcequ'il y fait moins froid.
Il y avait aussi des oubliettes dans ce monastère ! Tout à côté était le cimetière. — Représentez-vous un enterrement dans cette galerie souterraine, les religieux avec leurs frocs, les torches et les chants des morts : rien de plus effrayant. Le sol que vous foulerez du pied cache encore des ossements humains : en 1855, la pioche y a découvert un crane que ne recouvraient pas quinze centimètres de terre.
Prenez à gauche, et observez cette grande roue que des condamnés font mouvoir avec leurs pieds. C'est par ce moyen que se hissent toutes les provisions nécessaires au service de l'établissement.
Infos en vrac :A partir de l'escalier en face de l'hôtel Saint-Michel jusqu'au vestibule, en compte, par les remparts 265 marches.
Du vestibule au poste des gardiens 66 marches. Du poste des gardiens à la plateforme du paratonnerre 254 marches
TOTAL 585 marches
Chaque marche ayant, en moyenne, 0m 17cm, il y a donc, du point de départ au paratonnerre, 99 mètres
HAUTEUR TOTALE de l'ascension 102 mètres